Encore un réveil difficile. 7H30, la télé hurle déjà dans la pièce, le petit frère est déjà affalé devant TFOU. Bob l’Eponge m’impose ses décibels. Au programme : absurdité, hystérie, couleurs vives... Tout le monde a beau avoir eu son âge, qui se souvient de tant d’énervements matinaux ?
Petit retour en arrière, dans les années 90. La journée type commençait par un bol de céréales devant Les Minikeums. Le père castor et ses histoires, Ulysse 31, Tom Sawyer... Pour la « génération minikeums » : le contraste est flagrant. On a troqué Il Etait Une Fois contre Dora l’Exploratrice.
Au même titre que les 30-40 ans regrettent « l’ile aux enfants », les 20-30 ans se demandent où sont passé les concepts des Minikeums ; constatant un flot continu de dessin animé fatigants et dépourvu de sens, ormis celui du divertissement.
Certes, l’ouverture du marché à la concurrence et, donc, le surdéveloppement du nombre de chaines, n’a pas contribué à l’élargissement qualitatif mais plutôt quantitatif des émissions pour enfants.
Le temps passe mais qui peut dire qu’il a perdu son regard d’enfant : beaucoup apprécient encore ce que les grandes chaines servent comme divertissement aux enfants du XXIe siècle.
Un petit nombres de dessins animés arrivent encore à émerveiller : Batman, Code Liyoko ou encore les Pokémons.
Un autre phénomène mérite réflexion. Les Minikeums avait un quasi monopole sur l’audience du premier âge. Chaque matin, la majorité des enfants étaient au rendez vous : de 7 heures à 9 heures devant la même émission, qui reprenait après l’école de 16 heures 40 à 17 heures 40.
Les grands thèmes de la cour de récré : le « cinékeum » et le nouveau single de nos héros du matins : Coco, M’sé, Diva, Zaza, Nag et les autres ; le dernier épisode d’Ulysse 31 ou des Animaniacs.
Chacun se reconnaît dans l’un des personnages : milieux sociaux, tempéraments, humeurs, réactions des personnages entre eux, la recette parfaite pour créer une complicité entre l’émission et les enfants.
« Alors plutôt Coco ou plutôt Nag ? »
Les Minikeums auront préparé aussi à l’information et aux modes de la cour de récréation : « t’as le nouveau pog minikeums ? ».
Contrairement à aujourd’hui : tous les enfants regardaient la même émission, ce qui assurait une certaine cohésion, sociabilité et complicité en leur sein. L’émission avait presque une vocation de groupe et de rassemblement. Aujourd’hui, la multiplicité des offres empêche cet esprit et laisse place à d’autre domaines, d’autres thèmes comme le l’ordinateur, la Game Boy DS... Les émissions de télévision pour la jeunesse perdent de leur importance, et l’audience avec, la multiplicité des genres, des chaines empêche l’expérience sociale commune comme les rendez-vous que la génération « minikeums » et celle de « l’île aux enfants » ont pu connaître.
Les émissions matinales ne sont plus salvatrices, et cèdent simplement leur place à d’autres centres d’intérêts, différents, hétérogènes, moins fondateurs.
Maxime BOURGEOIS COLIN
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